amine zniber

le rouge et le noir

critique

Pour « Le Rouge et le Noir », son deuxième roman publié en 1830, Stendhal s’est inspiré d’un fait divers, la condamnation à mort d’un fils d’artisan ayant assassiné sa maîtresse, l’épouse d’un notable. Il y décrit l’ascension sociale d’un jeune homme dont l’ambition n’a d’égale que la fausseté, ambition qui, par le modèle qu’elle suit (celui de Napoléon Bonaparte), contraint Sorel au mensonge et à la dissimulation. Si les caractères des personnages de Stendhal sont extrêmement fouillés (en particulier celui des deux maîtresses de Sorel), c’est Sorel lui-même qui est au cœur du roman et de la focalisation du récit. Ses pensées et ses sentiments sont exposés avec une précision d’entomologiste. Mais Stendhal ne s’arrête pas qu’à ses personnages, et dresse également un tableau très complet de la société française à la veille de la Révolution de 1830, en s’attachant plus particulièrement à la bourgeoisie et à la noblesse, à la province et à Paris, couples antithétiques qu’il oppose de façon évidente dans la structure du roman : la première partie se déroule dans la bourgeoisie provinciale, la seconde dans l’aristocratie parisienne.

extrait

“La petite ville de Verrières peut passer pour l'une des plus jolies de la Franche-Comté. Ses maisons blanches avec leurs toits pointus de tuiles rouges s'étendent sur la pente d'une colline, dont des touffes de vigoureux châtaigniers marquent les moindres sinuosités. Le Doubs coule à quelques centaines de pieds au-dessous de ses fortifications, bâties jadis par les Espagnols, et maintenant ruinées. Verrières est abritée du côté du nord par une haute montagne, c'est une des branches du Jura. Les cimes brisées du Verra se couvrent de neige dès les premiers froids d'octobre. Un torrent, qui se précipite de la montagne, traverse Verrières avant de se jeter dans le Doubs, et donne le mouvement à un grand nombre de scies à bois ; c'est une industrie fort simple et qui procure un certain bien-être à la majeure partie des habitants plus paysans que bourgeois. Ce ne sont pas cependant les scies à bois qui ont enrichi cette petite ville. C'est à la fabrique des toiles peintes, dites de Mulhouse, que l'on doit l'aisance générale qui, depuis la chute de Napoléon, a fait rebâtir les façades de presque toutes les maisons de Verrières. A peine entre-t-on dans la ville que l'on est étourdi par le fracas d'une machine bruyante et terrible en apparence. (Incipit du Rouge et le noir, Chapitre premier)

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