amine zniber

Le passé simple

Car ce roman a bien abordé plusieurs problèmes majeurs à partir des relations dangereuses non équivalentes qui se déroulent entre les membres d’une famille marocaine traditionnelle. On trouve les traces de ces thèmes presque dans tous les romans maghrébins d’expression française qui sont écrits après lui, dès le roman « La répudiation » de Rachid Boudjedra jusqu’au roman « Messaouda » de Abdelhak Serhane, en passant par le roman « L’enfant de sable » de Tahar Ben Jelloun.

Ainsi on voit que « Le passé simple » a pu laisser ses traces dans les thèmes majeurs du roman d’expression française comme il a pu aussi marquer son style d’écriture romanesque à partir de sa révolte artistique basée sur le changement de la structure narrative d’une narration linéaire à une autre multiple qui se base sur le découpage des fragments narratifs. La méthode structurale qui était déjà utilisée par William Faulkner dans son célèbre roman «Le bruit et la fureur », et qui n’était pas encore bien maîtrisée et employée dans les écrits des écrivains maghrébins de langue française ,comme le cas aujourd’hui .
D’après cela, cette étude que nous menons ici sur ce célèbre roman du Driss Chraïbi nous donne une occasion de monter la richesse de ce roman, qui reste jusqu’à nos jours, un roman plein de signification diverses, car ses thèmes sont des thèmes universels qui touchent le conflit des générations : la révolte du fils contre son père, ou selon l’expression freudienne, il traite le complexe d’oedipe, d’une façon majestueuse et avec une technique romanesque très moderne. Ce qui donne à notre étude sa particularité et sa nouveauté.

I- la structure des personnages et la multiplicité des relations :
Les personnages du roman « Le passé simple » se déversent entre personnages marocains et d’autres français, puisqu’il raconte les effets du temps de la colonisation française au Maroc Il est plein aussi de personnages qui se déversent par leur émotions sentimentales et leur point de vue sociale ,culturelle et politique En plus ce roman présente dans son univers romanesque des personnages marginaux qui reflètent à partir de leurs relations des cas choquants de la société marocaine à cette époque comme les personnages des mendiants qui demandent de la charité en plein Ramadan et avec une voix forte sans aucun respect ni à ce mois sacré ni à la tranquillité des gens Mais les personnages principaux de ce roman restent ceux qui appartiennent à la famille de Driss Ferdi, le héros –narrateur de ce roman.

 

II-: L'image du père et le thème du pouvoir :

Le narrateur Driss Ferdi qui est narrateur participant dans les événements romanesques du « Passé simple » et qui les raconte par sa voix et selon sa vision personnelle ,nous présente l’image de son père qui le nomme souvent par le seigneur ,dans une figure d’un homme sévère ,sadique qui aime bien dominer tous les membres de sa famille à partir de sa femme jusqu’à le plus petit de ses fils ,et essaie même de poser sa volonté sur presque tous les personnages qui l’entourent soit dans le quartier où il habite ,soit dans le domine du commerce ,le travail qui le maîtrise bien ,et qui grâce à lui ,il a pu faire une grande fortune . Ainsi on le trouve traitant ses fils avec violence, ce qui les poussent à le haïr, et à détester de se trouver avec lui dans une même espace .Ces fils qui espèrent enfin sa mort, pour qu’ils soient libres dans leur vie.
Même chose pour son épouse, la mère des enfants, selon l’expression arabe bien connue. Elle aussi, elle le déteste sans pouvoir le dire à personne, car il la traite comme une bonne .Elle doit faire les travaux de la maison, mais elle n’a même le droit de donner son opinion ni sur l’avenir de son foyer ni même sur l’avenir de ses enfants .Ce père –monstre là, en faisant tout cela, il croit qu’il fait son travail du père, ni plus ni moins. La bonne éducation d’après sa culture traditionnelle donne au père un pouvoir absolu sur ses enfants, car c’est lui qui les nourrit et c’est lui qui les protège des dangers extérieurs. Ainsi on le trouve durant le parcours romanesque du roman oblige ses enfants de respecter les protocoles de la table .Ils ne doivent pas manger avant de faire leur prière ensemble, et avant de recevoir sa bénédiction paternelle et tant que le fils aîné n’est pas rentré à la maison, malgré leur faim puisqu’ils ont jeûné toute la journée, dès le lever du jour jusqu’au temps de la prière du soir (almoghrèb).

Le narrateur héros décrit par ses propres mots une instance d’attente et de souffrance ainsi : « Homme, allez –vous me réciter les parchemins d’Ibn Rochd jusqu’à l’arrivée de Camel ? Il appelle cela l’usure .Mon estomac a tant moulu le vide que je n’ai plus faim. Philosophe pétri dans la pierre dure, regardez ces mains respectueusement croisées sur mes genoux en équerre : elles savent lancer un couteau à cran d’arrêt » p17.

De cette façon, le narrateur héros nous présente l’image de son père, car il voue une grande haine passionnée à cet homme qu’il admire pour sa force, faite de volonté et patience implacables, de gravité dominatrice : il est le seigneur, d’un race de seigneurs le haj » (1).Ce haj abuse de sa symbolique pour faire subir les membres de sa famille, sa femme et ses enfants .Ce qui le rond presque un monstre dans ses yeux, tandis que lui il trouve sa joie dans la souffrance des autres .C’est un cas maladif .Ainsi l’image du père dans les yeux de son fils Ferdi ,le narrateur héros de ce roman ,une image sombre surtout lorsqu’il le voit en train de torturer psychiquement l’un de ses petites fils qui s’appelle Hamid .

Le narrateur décrit cet état avec une grande haine envers ce monstre père : « Lorsque le seigneur en a désigné un de l’index, cinq pommes d’Adam, ont tressauté. Hamid s’est détaché du groupe et va s’accroupir devant notre père .Il est chétif et doux. Il a neuf ans et je lui en donne deux .Il a levé les yeux sur moi, puis les abaissés. Cela n’a duré qu’une fraction de seconde, mais je n’aurais pas dû surprendre ce regard : S.O.S, chien écrasé, détresse des ghettos, clochard, rêve d’Icare, si intensément que j’estime que ma mère aurait mieux fait d’exécuter une pression utérine au moment d’accoucher de ce gosse-là ».p19.
L’image du père est très choquante .Un père glacial écrasant très dur envers ses fils et sa femme .C’est pour cette raison qu’on trouve que son fils Driss, voue une grande haine à lui .Ce père là présente une figure de l’autorité patriarcale et théocratique, car il a cru durant ses années qu’il avait le durant ses années qu’il avait le droit de vie o mort sur ses siens .Ainsi il a essayé de temps à autre de leur déclarant qu’il possède le droit de leur jeter en dehors de sa maison .Mais si il n’a pas cette action jusqu’à maintenant ,c’est tout simplement pour les faire subir des souffrances .C’est de cette façon sévère qu’il adresse la parole à son fils Driss qui osé de discuter avec lui ,avec une grande française et de lui répondre à ses questions à propos de la perte qui a mené dans sa commerce : « Qui t’a interrogé ? Ou n’as –tu parlé que pour signifier que tu peux encore parler ? Que le dernier mot t’appartient ? Sais –tu ce que nous permet la loi ? Il attendait .Je ne savais pas. -De vous chasser tous .Les femmes s’achètent et les enfants se fabriquent .Et au besoin nous passerions des lois …Mais votre châtiment sera de rester ici, chacun de vous y poursuivant ses turpitudes, ses haines, ses viduités, ses rages …Toi surtout, Driss »p54.

Certes, on voit ici que père, le seigneur, le patri acre est l’actant de premier ordre dans le parcours narratif de l’univers de ce roman, puisqu’il c’est lui qui dirige la voie des autres personnages, et c’est lui qui a le pouvoir d’éliminer celui qui ose le défier en lui jetant hors de la maison paternelle .Mais malgré sa sévérité le père reste toujours le père dans les yeux de ses fils et parmi eux même Driss. Son image est la plus prestigieuse dans nos imaginaires. Car c’est grâce à lui que nous avons venu à ce monde, à cette vie. C’est presque le cas qu’on trouve chez tous les écrivains maghrébins de langue française, tels Rachid Boudjedra, Abdelhak Serhane, Tahar Ben Jelloun et bien d’autres .Le père reste toujours un symbole fort d’un homme que nous admire pour « Sa force, faite de volonté et patience implacables, de gravité dominatrice » (2).Cette admiration implicite, nous la trouvons dans la description bien chargée des mots de poésie ,menée par le fils Driss envers son père : « Le père casse le sucre avec le fond d’un verre ,boie dans le creux de sa main une poignée de thé vert ,effeuille le bouquet de menthe .La vapeur de l’eau versée de la bouilloire en cuivre dans la théière de nickel qu’il lui tend à bout de bras noie la figure de la femme accroupie devant lui. Le brasero est ventre les deux plateaux, l’un pour les verres et la théière, l’autre portant trois boîtes de cuivre ciselé : sucre, thé, menthe .Sans qu’une seule goutte tombe sur le plateau, la théière remplit les verres de très haut .L’homme goûte l’infusion, chaque la longue en guise de sa satisfaction .Page 29.

IV-.L’image du fils et le thème de la révolte :

L’image du fils se présente dans le miroir de la révolte contre le père et l’amour envers la mère ou selon l’expression du dramaturge Arto dans le regard en derrière avec colère .Car le narrateur Driss Ferdi en reconstruisant la structure de son autobiographie, s’arrête beaucoup sur les moments fortes qui ont marqué son parcours, et surtout sur les moments de sa colère dans le foyer paternel où le père impose sa volonté contre sa femme et ses fils.
Et ce qui multiplie sa colère c’est qu’il est un fils bien lettré et cultivé, et qui est en plus étudié dans les écoles françaises. Ainsi on trouve dans l’univers romanesque du « Passé simple » des conflits entre ce fils là et son père .Ces conflits qui étaient bien présentés par la plume superbe du Driss Chraïbi à travers la voix du narrateur qui a le même nom que lui.

On peut citer là-dessus cette paragraphe qui montre avec une grande ironie stylistique ce conflit : « C’est parfait. Le père et le fils qui se regardent : rien que de naturel, rien de plus attendrissant .Et maintenant dis –nous..Tu sais que nous sommes ignorant et que nous ne demandons qu’à nous instruire. -de grâce (en français : s’il te plait) éclaire –nous : Le meilleur sandwich est –il au jambon ou bien au pâté ? je n’ai pas quitté des yeux les yeux noirs.
Une question vrilla mon cerveau : quel est le salaud qui .. Et tout de suite je ressentis une crampe à l’estomac : La peur »Page 22. C’est de cette façon, en s’adressant la parole à son fils révolté contre lui, a accusé la culture française qui était selon son opinion la vraie cause de la révolte de son fils, car elle pu changer ses idées en premier temps et après toute sa personnalité .C’est pour cette raison qui lui a dit en se moquant de lui ces paroles là : « Tranquillement tu vas dans la ville européenne .Tu as le teint clair, les cheveux blonds, les yeux bleus. Le prophète n’a pas marqué ses élus au front. Pourquoi l’aurait –il fait ? Il n’a pas prévu que son peuple compterait des caméléons. A te voir, qui te prendrait pour un Arabe ? Ça, c’est une de tes fiertés. Comme si l’on pouvait s’enorgueillir d’uriner rouge et de chier bleu ! Deux tableaux, pile, face : il se rince soigneusement la bouche, se cure les dents et comme un véritable affamé vient s’adresser à notre table »Pages:23-24. Le père savait bien que son fils préféré ne cesse pas de souhaiter sa mort et même s’il est montré quelques fois indifférent pour ce souhait, il n’a pas pu cacher son malheur envers cela .Car c’est très dur pour un père qui découvre dans un moment que son fils n’hésite pas à se révolter contre lui, allant même jusqu’à chercher sa mort en s’attaquant directement à lui.

V- Conclusion :
On peut conclure que l’écrivain Driss Chraïbi a fait vivre sous nos yeux des personnages que la violence révèle à eux et, en même temps, les métamorphose en êtres malheureux .Mais le texte en tant qu’un roman structure une vision poétique, une création de l’esprit qui s’assimile les éléments du réel pour les recréer de nouveau dans un monde de l’imaginaire.
 

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