amine zniber

l'île au trèsor

La genèse de son « premier livre » 

Stevenson à 29 ans 

En 1879, Stevenson est considéré comme une étoile montante au sein du milieu littéraire. Ses œuvres se limitent à l'époque à deux récits de voyage — An Inland Voyage (1878) et Voyage avec un âne dans les Cévennes (1879) — ainsi qu'à une poignée de nouvelles et ne lui ont pas encore valu de s'attirer la faveur du grand public. Des succès d'estime donc, pour ce passionné d'écriture et de littérature, mais qui ne lui permettent pas encore de vivre de sa passion. Issu d'un milieu plutôt aisé, il ne doit son relatif confort financier qu'à la situation de son père, Thomas Stevenson, célèbre ingénieur bâtisseur de phares dans toute l'Écosse. Mais cette dépendance financière envers son père[2] se dresse bien souvent comme un obstacle à sa liberté, Thomas n'hésitant pas à recourir à ce levier pour faire plier son fils à ses exigences.

Sur le plan sentimental, Stevenson vit une relation avec une artiste-peintre américaine, Fanny Osbourne, rencontrée en 1876 lors d'un séjour en France à Grez. Relation pour le moins compliquée à l'époque, puisque la belle, âgée de dix ans de plus que lui, est mariée, mère de deux enfants, Isobel et Lloyd, et vit séparée de son mari demeuré aux États-Unis.

Lorsqu'en août 1878 Fanny repart avec ses enfants en Californie auprès de son mari, Stevenson reste seul et le monde semble s'écrouler autour de lui. Une année passe, durant laquelle il s'efforce de surmonter sa peine et vivre loin de l'être aimé, mais rien n'y fait : le 7 août 1879, n'y tenant plus, il embarque presque sur un coup de tête à bord d'un bateau d'émigrants pour l'Amérique afin de rejoindre Fanny.

Stevenson en Californie

Au terme de plus de trois semaines de voyage[3], Stevenson retrouve Fanny à Monterey, dans un état de santé déplorable : toux, fièvre et eczéma[4]. Mais côté finances, il ne peut compter que sur lui, même ses amis — W. E. Henley, Sidney Colvin (en) et Edmund Gosse — font la sourde oreille à ses appels au secours. Persuadés que Stevenson se fourvoyait dans cette relation avec Fanny, qu'il gâchait son talent, ils s'appliquèrent, sur la suggestion d'Henley, à décourager Stevenson à rester en Californie. Pour ce faire, il fut décidé qu'un minimum d'effort serait fait pour placer ses textes auprès des éditeurs et que l'on répondrait par la négative à ses demandes d'argent sous un prétexte quelconque. C'est donc tant bien que mal que Stevenson survit, économisant autant que possible et gagnant à peine de quoi vivre en rédigeant des articles pour le Monterey Californian, une gazette locale[5].

Il tombe gravement malade en mars 1880 et échappe de peu à la mort grâce au dévouement de Fanny à son chevet, laquelle a également pris sur elle d'écrire au parents de Stevenson pour tenter de les ramener à la raison. Voyant que leur obstination a failli coûter la vie de leur fils, ils cèdent : Thomas l'assure d'une rente et donne sa bénédiction au mariage. Stevenson et Fanny se marient en mai 1880, puis, après deux mois de voyage de noces passés dans une mine d'argent abandonnée[6], s'en retournent en Europe au mois d'août.

Une vision littéraire 

De retour en Écosse, Stevenson est désormais un homme nouveau : les choses se sont clarifiées dans sa vie. Enfin marié avec Fanny, il s'est réconcilié avec son père, ce qui, sans pour autant lui fournir son indépendance financière, le met à l'abri du besoin. Mais surtout, le voilà détenteur d'une vision littéraire aboutie, longuement mûrie pendant son exil, qu'il détaille dans un premier essai On the Art of Literature[7]. Et ce n'est là que la première brique d'une véritable théorie sur la fiction et le roman, qu'il ne cessera par la suite de développer et d'affiner, notamment dans ses essais majeurs qui suivirent A Gossip on Romance[8](1882), A note on realism[9](1883), A Humble Remonstrance[10],[11](1884) et On some technical elements of style in literature[12](1885).

Selon Michel Le Bris, cette année passée en Californie se révèle capitale dans la vie de Stevenson car c'est à partir de cette expérience qu'il est accepté en tant qu'écrivain[réf. nécessaire]. En témoigne d'ailleurs sa nouvelle Le Pavillon sur la lande (The Pavilion on the Links, 1880), en grande partie développée et achevée en Californie, dont le ton résolument nouveau, bien différent de ses textes précédents, a immédiatement séduit la critique[13

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