amine zniber

Fanny

Fanny

Marius sort le 9 octobre 1931 au cinéma[9] alors que le deuxième volet de ce qui n'est pas encore une trilogie, Fanny, dont la rédaction a été achevée l'été même, est déjà en répétition pour ouvrir le 5 décembre 1931, toujours avec la même distribution moins Raimu, renvoyé par Volterra suite à une violente altercation, Alida Rouffe, victime d'un accident ferroviaire et Pierre Fresnay retenu par d'autres engagements[3]. Ils sont remplacés respectivement par Harry Baur (qui avait créé Jazz avec Demazis), Marguerite Chabert et Antonin Berval, « jeune premier » à l'Alcazar, le contrat liant Pagnol à Volterra ne lui permettant pas de retirer sa pièce en cas de changement de distribution[3]. La pièce est à nouveau un succès immédiat mais l'absence des créateurs de Marius et l'annonce d'une version cinématographique ne lui permet pas de dépasser la 400e.

Devant le succès remporté par le premier film, Pagnol a en effet préférer abréger la carrière de sa pièce pour toucher un plus vaste public. En froid avec la Paramount à laquelle il reproche le « massacre » de Topaze[10], malgré la présence de Louis Jouvet dans le rôle-titre et de Leopold Marchand aux dialogues, il décide de fonder sa propre société de production, Les Films Marcel Pagnol, en association avec Roger Richebé, un producteur marseillais ayant déjà à son actif L'amour chante de Robert Florey, La Chienne de Jean Renoir, La Petite Chocolatière et Mam'zelle Nitouche de Marc Allégret avec Raimu[4]. C'est Richebé qui conseille à Pagnol de confier la réalisation de Fanny à Allégret, Korda étant entre temps retourné aux États-Unis. Raimu, Alida Rouffe et Fresnay retrouvent leurs rôles de Marius. Seul Dullac, souffrant, doit céder son rôle à Auguste Mourriès. Tourné à l'été 1932, Fanny sort le 28 octobre 1932[11]. Le film est à nouveau une grande réussite commerciale, même si la critique est un peu plus réservée, lui reprochant son caractère de « théâtre filmé »[4]. Mais les attaques les plus virulentes visent directement Pagnol, qui a crée pour développer ses théories cinématographiques une revue, Les Cahiers du film :

« Si l'auteur de Fanny se bornait à fabriquer des théories, il n'y aurait qu'à le laisser faire et à l'observer en silence afin de se rendre exactement compte du degré d'incompréhension que peut atteindre un écrivain intelligent quand il poursuit une idée fixe ou une gageure. Malheureusement, M. Pagnol agit, il agit avec ce sens des affaires dont il n'a jamais été dépourvu et qui a toujours diablement aidé son génie d'auteur dramatique : chacun sait qu'il a maintenant sa maison de production dont il est metteur en scène, auteur, adaptateur, etc., suivant l'occasion. [...] Il a aussi depuis un mois sa revue de cinéma où l'on trouve en quelque sorte le « manifeste » de la nouvelle école pagnolesque ou, plus exactement, les « projets » de la nouvelle « firme », les termes « manifeste » et « école » entendant plutôt un idéal esthétique désintéressé qui me semble assez éloigné des soucis de notre dramaturge. »

— La Vie toulousaine, 16 décembre 1933.[4]

Cette levée de boucliers n'empêche pas Pagnol de poursuivre l'application de ses principes et de se lancer dans la réalisation de son premier film, Jofroi, pour lequel il choisit prudemment l'adaptation d'une nouvelle de Jean Giono. Sa recherche de réalisme, utilisant des décors naturels et un son direct ainsi qu'une caméra extrêmement mobile, ouvrira selon Patrick Brion[12] la voie au néoréalisme italien.

 

Edition Originale

Paris, Fasquelle, 1932.

Principaux interprètes à la création

Harry Baur - César
Berval - Marius
Fernand Charpin - Panisse
Orane Demazis - Fanny
Margueritte Chabert - Honorine
Paul Dullac - Escartefigue
Robert Vattier - Monsieur Brun
Maupi - Le chauffeur
Milly Mathis - Claudine

extrait

CÉSAR
Où en étais-je ? Continuons, attention :
"Quand tu vas commencer à mesurer le fond de la mer, fais bien attention de ne pas trop te pencher, et de ne pas tomber par dessus bord et là où ça sera trop profond, laisse un peu mesurer les autres."
Je le connais, moi, M. Marius ; quand il avait quatre ans, un jour que je l'avais mené à la pêche sur la barquette de Panisse, il se penche pour regarder sa ligne et pouf un homme à la mer !
C'est vrai qu'à ce moment-là, il avait la tête plus lourde que le derrière, et que depuis ça s'est arrangé. Relis-moi la dernière phrase.

FANNY
"Laisse un peu mesurer les autres."

CÉSAR
Souligne les autres. Bien épais. Bon.
"Et si quelqu'un... à bord avait la peste, ne lui parle que de loin et ne le fréquente plus, même si c'était ton meilleur ami. L'amitié est une chose admirable, mais la peste, c'est la fin du monde. Ici, tout va bien et je me porte bien, sauf une colère terrible qui m'a pris quand tu es parti, et qui n'est pas encore arrêtée. La petite Fanny ne va pas bien. Elle mange pour ainsi dire plus rien et elle est toute pâlotte." (Fanny s'est arrêtée d'écrire.)
"Tout le monde le remarque et dans tout le quartier les gens répètent toute la journée : "La petite s'en ira de la caisse, et César partira du ciboulot. "Aussi, Honorine me fait des regards sanglants, et chaque fois qu'elle me regarde, je me demande si elle ne va pas me tirer des coups de revolver, et j'en ai le frisson de la mort."
Pourquoi tu n'écris pas ?

FANNY
Écoutez, César, ça, je ne crois pas que ce soit nécessaire de le mettre parce que ça va lui faire de la peine.

Rechercher dans le site

© 2009 Tous droits réservés.